Lors de l’annonce de ses mesures de soutien économique, le gouvernement avait envisagé une baisse du PIB de -1%, rapidement jugé optimiste. Selon les prévisions des banques et des organismes internationaux les fourchettes d’estimation varient… L’INSEE a fait un point de conjoncture assez complet chiffrant l’impact du coronavirus sur le PIB de l’économie française à -3% de PIB par mois de confinement. L’INSEE a prévu, en sus de ses notes de conjonctures mensuelles, de faire un point de situation tous les quinze jours pour évaluer la situation économique.
La dernière enquête de conjoncture contenait des éléments collectés avant la mise en place des mesures de confinement. Par ailleurs l’INSEE s’est trouvé dans l’impossibilité de faire des relevés sur les points de ventes, fait face à des difficultés pour échanger avec les entreprises, et a observé des évolutions passant par des ruptures d’activité brutales.
Afin d’estimer au plus près la situation, l’INSEE a fait évoluer sa méthodologie et multiplié les sources d’informations : Banque de France, Groupement des Cartes bancaires, fédérations professionnelles, Medef, Rexecode… Ceci afin d’estimer notamment « la perte d’activité instantanée par rapport à une semaine normale ». Ce dispositif n’est pas sans rappeler celui mis en place aux Etats-Unis après le 11 septembre 2001 par le Secrétaire au Trésor Paul O’Neill qui avait par exemple collecté les chiffres des caisses des stations-services pour estimer au plus près l’activité économique.
L’indice du climat des affaires, mesuré mensuellement, connait dans ce contexte une baisse historique et inédite depuis sa création en 1980, avec une chute de 10 points entre février et mars (le précédent record était une baisse de 9 points après la faillite de Lehman Brothers). Seul le secteur du bâtiment semble résister, mais ses données ont été collectées avant la mise en place du confinement.
Estimation de la perte d’activité liée aux mesures d’endiguement (écart entre l’activité économique estimée pendant la dernière semaine de mars et l’activité d’une semaine « normale »)
Grace à la modélisation d’informations alternatives (consommation d’électricité, trafic ferroviaire, paiements par carte bancaires) l’INSEE a pu donner une estimation proche d’une vision instantanée.
Au global cette chute d’un gros tiers du PIB en instantané est cohérente avec les données du marché du travail à date (1/3 en chômage partiel, 2/3 en télétravail ou maintenus en poste) et la baisse de 20 % de la consommation d’électricité (la consommation d’énergie au domicile étant maintenue).
Estimation de la perte de consommation des ménages liée aux mesures d’endiguement (écart entre la consommation estimée pendant la dernière semaine de mars et la consommation d’une semaine « normale »)
La baisse de la consommation des ménages serait également de l’ordre de 35 %, sur la base de l’estimation des commerces restés ouverts et des volumes de transactions par carte bancaire. Parmi les principales variations :
Impact comptable estimé du confinement sur les évolutions trimestrielle et annuelle du PIB (en points de PIB trimestriel ou annuel)
Au global l’impact des premières tendances aurait donc un impact annuel négatif de -3% sur le PIB par mois de confinement (35/12). Par ailleurs il est particulièrement difficile de se projeter à long terme du fait de l’incertitude sur certaines données clés : bien entendu la durée de l’épidémie, mais aussi l’impact à long-terme sur les comportements malgré les mesures de soutien de l’état, et les conditions d’un retour de la confiance.
Ce chiffrage semble corroboré par l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) qui estime qu’un mois de confinement entraine une diminution de l’activité de 30 % (60 milliards d’euros), soit 2,6% sur un an. La même précaution s’applique quant à l’horizon de sortie de crise.
L’OCDE est également assez proche, estimant -25 % par mois, c’est-à-dire -2 points de PIB annuels pour chaque mois de confinement.
Publication originale de le 02 April 2020 mise à jour le 18 October 2021