À la suite d’une première publication de l’INSEE faisant état d’une baisse du PIB annuel de 3% par mois de confinement, l’OFCE (Observatoire Français des Conjonctures Economiques) avait livré une analyse aux conclusions quasi-similaires. Cet organisme indépendant vient de proposer une nouvelle analyse : “Evaluation au 20 avril 2020 de l’impact économique de la pandémie de COVID-19 et des mesures de confinement en France”, dont nous essayons de décrypter les principales conclusions.
Selon l’OFCE, huit semaines de confinement représentent un impact négatif de 120 milliards d’euros sur l’économie (soit 5 points de PIB). Cependant l’impact mérite d’être analysé plus précisément :
Sur la durée du confinement (8 semaines finissant en principe le 11 mai 2020), le PIB se réduit au global de -32% par rapport à une période normale (soit l’impact de -5% annuel). Sur le pôle entreprises (hors services non-marchands et immobilier) l’impact est estimé à -42%. Cette évolution rapide et cette chute inédite en temps de paix s’accompagnent, heureusement, d’une augmentation de l’épargne des ménages, notamment grâce aux mécanismes de chômage partiel qui ont permis de maintenir largement les revenus des salariés. Cela corrobore également l’enquête de conjoncture de la Banque de France réalisé auprès de 8500 entreprises début avril 2020.
De son côté, la Direction du Trésor s’est livrée à une estimation pour documenter la Loi de finance rectificative, le déficit public et l’évolution du PIB. Outre la chute d’activité d’un tiers pendant le confinement, le scénario envisage un déconfinement progressif de 16 semaines (11 mai-30 août), avec rétablissement progressif de l’activité à l’issue duquel l’impact instantané en “year-to-year” (c’est-à-dire en comparaison avec le moment identique de l’année précédente) est de 0%. L’impact absolu serait de -10 points de PIB, portant la « croissance nette » du PIB 2020 à -8%.
Les dernières estimations confirment l’aspect d’amortisseur des congés pour garde d’enfant et des dispositifs de chômage partiels. L’augmentation du nombre de chômeurs d’environ 460 000, bien que conséquente, apparait bien modeste par rapport à ce qu’elle aurait pu être sans les mesures prises (puisqu’un total de 6,5 millions de personnes sont passées en chômage partiel ou garde d’enfants).
En termes de secteurs, la principale variation par rapports aux précédentes estimations porte sur le secteur de la construction. Par ailleurs la nouvelle analyse essaie de ne pas faire techniquement de double-comptage par secteur sur les chocs de l’offre (diminution des capacités de production) et de la demande (diminution de la demande).
On observe que :
Les reports de créances fiscales ou sociales, entre autres, ont permis de répondre à court-terme aux problèmes de trésorerie des entreprises. Pourra-t-on cependant faire l’économie d’annulation de charges à la sortie de la crise et du confinement pour des sociétés lourdement affectées ?
Alors qu’il s’agit évidemment d’avoir le meilleur impact économique pour un coût public le plus limité possible (les reports ou la garantie de l’État sur les emprunts étant supposés avoir un impact limité sur les finances publiques), des allégements de charge non ciblés pourraient se révéler trop onéreux pour l’état, voire permettre des effets d’aubaine. Des mécanismes plus ciblés pourraient être conçus pour calibrer la compensation, sous forme d’annulation d’une partie des charges sociales et fiscales reportées de manière proportionnelle à la réduction d’activité sur la période, calculée sur un taux d’utilisation des actifs de production.
Cela ouvrira des débats de taille pour ne pas créer de distorsion et respecter l’égalité face à l’impôt. Enfin, en l’absence de calendrier précis de sortie de la crise, de visibilité concernant le comportement des ménages et leur retour à la consommation, ainsi que d’évolution de l’environnement international, il reste difficile à date de fixer un scénario précis.
Publication originale de le 22 April 2020 mise à jour le 22 October 2021