Epargne & placements 30 March 2023

Qu'est-ce qu'une assurance vie en unités de compte ?

Montant collecté nette d'assurance vie en milliards d'euros

L'assurance-vie est, avec l'immobilier, le placement préféré des Français. Il y a encore quelques années, assurance-vie rimait avec contrats euros, ces supports d'investissement liquides à capital garanti principalement investis dans des actifs sans risques. Pourtant, les fonds euros ont vu leur performance baisser régulièrement depuis une décennie, du fait de la baisse des rémunérations des taux sans risque. Malgré un rebond en 2022 avec la hausse des taux, cette solution n'est plus optimale avec le rebond de l'inflation. De fait, les épargnants (et les assureurs) avait commencé à anticiper la baisse des rendements, avec la montée en charge des contrats en UC (unités de compte). Ces contrats qui sont investis dans des actifs plus risqués permettent de profiter du cadre fiscal de l'assurance-vie, avec certes un risque de perte en capital, mais avec des perspectives de gain moyen plus élevées.


Qu'est-ce qu'une UC (Unités de Compte) ?

Un contrat d'assurance-vie en unités de compte (UC) est un type de contrat d'assurance-vie spécifique dans lequel l'épargne est investie en unités de compte. Ce sont des contrats d'assurance-vie, mais la contrepartie des cotisations n'est pas un montant euros, mais des unités de placements. Les sous-jacents peuvent être de plusieurs natures (obligations, actions, SICAV, fonds, FCP, SCI...). Les unités de comptes ont vocation à permettre de profiter de rendements potentiellement plus importants en investissant dans différents types d'actifs. Ils sont cependant soumis au risque du marché avec de potentielles pertes en capital et dépendent de l'évolution de la valeur de chaque sous-jacent considéré.

Les UC font référence à des actifs proposés par les assureurs à leurs clients assurés. Les assureurs auront ainsi en amont sélectionné des gestionnaires d'actifs proposant les produits en question. Étant donné que la compagnie d'assurance doit pouvoir assurer à tout moment la liquidité du contrat, elle va elle-même privilégier une part élevée d'actifs liquides. Le risque financier de pertes et de moindre performance est supporté par le souscripteur.  À la différence d'un contrat "euro" les investissements réalisés via ces unités de compte sont liés à l'évolution des actifs financiers sous-jacents, tels que des actions, des obligations, des fonds immobiliers, des sicav, des FCP.... Tout cela dans le cadre d'une "enveloppe" au sein d'une assurance-vie.

Ces dernières années, les contrats en UC ont permis de compenser en termes de collecte, les contrats euros en perte de vitesse.

Dans un contrat d'assurance-vie en UC, l'épargne est donc investie sur des supports financiers. De ce fait, la valeur de l'épargne variera en fonction de l'évolution de ces supports. Contrairement aux contrats d'assurance-vie en euros garantis, les contrats d'assurance-vie en UC présentent donc un risque de perte en capital. La contrepartie est qu'ils offrent a priori des perspectives de rendement supérieures à celles des contrats en euros.

Les UC sont gérés par des gestionnaires professionnels et présélectionnés par les compagnies d'assurance. L'épargnant va donc pouvoir investir dans une sélection plus ou moins large d'actifs. Dans ce cadre, il est important pour l'investisseur épargnant de vérifier et de comprendre si les produits proposés correspondent bien à son profil de risque (couple risque/rendement) et à un horizon de temps compatible avec ses contraintes et objectifs. 

Outre le track-record des gestionnaires, il peut être indiqué de vérifier la liquidité des investissements (même si celle-ci est garantie par la compagnie d'assurance, un actif peu liquide peut présenter des risques de décoté dans le cadre d'une revente contrainte), la volatilité, le risque et le cycle sur chaque marché considéré.

Ces supports dynamiques permettent a priori de "booster" le rendement de son assurance-vie à terme mais il faut également être vigilant sur certains points :

  • Quelle flexibilité dans la gestion (gestion pilotée/conseillée, gestion libre...) ?
  • Quel est le niveau de frais que ce soit au niveau des gestionnaires et au niveau de la compagnie d'assurance ? 

Le point des frais liés aux UC - et d'un certain manque de transparence à ce sujet - n'est pas neutre car ces derniers pèsent sur la performance. L'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) - dans la lignée de l'Eiopa - le régulateur européen de l'assurance  -a d'ailleurs récemment alerté sur ce point, appelant à plus de transparence, voire à ce que les UC "trop chères" ne soient plus commercialisées. Des recommandations formelles devraient être faites en ce sens. 

En fonction des classes d'actifs, du mode de gestion, les frais peuvent représenter jusqu'à 3,5% annuels, auxquels vont s'ajouter les frais liés aux compagnies d'assurances (gestion du contrat, droits d'entrée...). Au-delà du niveau absolu, l'accent doit être mis sur le caractère transparent et comparable des frais. Par ailleurs, la question des conflits d'intérêts (les rétrocommissions versées par les sociétés de gestion aux distributeurs) sera un point d'attention.

Définition  : c'est quoi les fonds en euros ?

À l'inverse des UC, les "fonds euros" - qui sont une spécificité française - sont des contrats à capital et liquidité garantis à tout moment. Ils sont investis dans des actifs jugés peu risqués - obligations d'état notamment- et chaque année l'assureur fixe un taux de rendement qui sera versé aux souscripteurs.

Il fut une époque bénie où l'inflation était au plus bas, les taux d'emprunt peu élevés avec des rendements garantis importants et une fiscalité très favorable. Cependant, la situation s'est désormais compliquée, les rendements passant de 2,91% et 1,28% en dix ans (à fin 2021). Cela pouvait cependant être considéré comme encore attractif dans un contexte de taux sans risque négatif et d'inflation nulle !

En 2022, les assureurs-vie prévoient de quasiment doubler le rendement des contrats euros. Cela reflète la hausse de taux - perceptible dans taux du livret A va désormais atteindre 3%/an. À noter que le rendement est servi grâce au portefeuille d'actif détenu. Si les obligations anciennes continuaient d'offrir des rendements élevés, les obligations plus récentes avaient un taux quasi-nul. De ce fait, les assureurs-vie ont dû puiser largement dans leurs réserves constituées pour pouvoir servir les rendements dans la durée (à noter cependant qu'en théorie le capital est garanti, pas le rendement)

À noter également que la loi Sapin 2 a permis de bloquer potentiellement les demandes de rachats des souscripteurs en cas de risque systémique. En effet, dans un contexte de remontée rapide des taux, les assureurs-vie s'exposent à deux risques : baisse mathématique de la valeur des obligations et possible équivalent d'un "bank run" pour les assureurs et d'une crise de liquidité (les assurées demandant un en masse rachat immédiat de leur contrat pour replacer ailleurs à des taux plus attractifs). 

Assurance vie : unités de compte ou compte en euros ?

L'enjeu est de taille, sachant que les fonds en euros pèsent 1.370 milliards d'euros, sur les 1.850 milliards d'euros d'encours de l'assurance-vie, selon les chiffres de France Assureurs. Deux menaces pèsent sur la compétitivité de ce stock d'épargne : l'inflation (5,9 % en décembre) qui ampute le rendement réel des portefeuilles, et la hausse taux du Livret A, à 3 %. 

Actuellement, 38% des Français possèdent un contrat d'assurance-vie. Assez confidentielles il y a encore quelques années, les UC ont effectué une véritable "remontada" ces dernières années pour représenter 39% de la collecte brute en 2022 et 27% des encours.

Ainsi, la quasi-totalité des contrats d'assurance-vie sont désormais "multi-support" c'est-à-dire susceptibles de comporter à la fois des éléments sécuritaires (contrats euros) et plus dynamiques (contrats en UC). À ce sujet : l’amendement Fourgous, adopté dans le cadre de la loi du 1er juillet 2015 sur la modernisation de l’économie, a permis la transformation des anciens contrats d’assurance-vie mono-supports en euros en contrats multi-support. Et ceci sans perte de l’antériorité fiscale, ce qui était un point primordial.

La quote-part des allocations entre actifs risqués et non risqués sera plus ou moins importante en fonction de l'appétence au risque de l'assuré. 

 À noter que depuis quelques années, le gouvernement a également engagé une réforme de l'épargne retraite via la création du PER (Plan Epargne Retraite). Cela a amené à une fusion des différents dispositifs existants et à la possibilité de transférer sans pénalité ses contrats d'assurance-vie sur son PER. Avec une sortie désormais possible en capital ou en rente, le PER présente des similitudes avec l'assurance-vie et certaines spécificités fiscales intéressantes (déduction des versements de la base imposable avant un rattrapage à l'âge de la retraite) malgré une liquidité moindre. Par ailleurs, les PER peuvent-être détenus via un PER bancaire ou via un PER auprès d'un assureur-vie, ce qui a récemment boosté les collectes en UC des assureurs.

Ces dernières années, gouvernements et assureurs ont fortement milité en faveur des UC, le rendement des contrats en euros étant par ailleurs difficile à maintenir avec la baisse des taux. Pour promouvoir une plus grande prise de risques, la loi Pacte a introduit en 2018 un nouveau type de fonds dits "euro-croissance". L'objectif étant d'inciter à des placements sur des supports en UC en assurance-vie tout en proposant une garantie en capital sous réserve d'une détention pour une durée minimum (a priori 8 ans minimum). Les fonds euro-croissance n'ont cependant pas rencontré le succès escompté -(la liquidité étant sans doute un élément toujours primordial pour les assurés). 

Par ailleurs commercialement, les assureurs-vie ont commencé à interdire ces dernière années la souscription exclusive de contrats euros en exigeant un mix en terme d'allocations entre fonds euros et unités de compte..

Quels sont les avantages et les inconvénients des contrats en euros et de l'unité de compte ?

Pendant longtemps, l'assurance-vie, via les fonds euros, a été un placement idéal avec un rendement et une liquidité garantis et élevés, et un cadre fiscal optimal (depuis en partie amendé).

Avec la flat-tax l'avantage de l'assurance-vie en terme fiscal est devenu moins intéressant, mais l'assurance-vie reste très avantageuse en termes de transmission de patrimoine.

Par ailleurs, malgré une remontée des rendements prévue en 2022, le rendement des fonds euros a beaucoup baissé ces dernières années (se rapprochant du niveau du livret A). Le retour de l'inflation fait que le rendement réel des fonds euros net de l'inflation est plus que jamais négatif.

Les UC permettent d'intégrer une dose de risque et de performance tout en profitant d'une fiscalité optimisée.  

Par ailleurs, avec la création en juin 1999, du Fonds de Garantie des Assurances de Personnes (FGAP) placé sous le contrôle de l’ACP, les contrats d’assurance-vie français sont garantis à hauteur de 70 000 euros par assuré et par compagnie (tous contrats confondus) et de 90 000 euros par capital constitutif de rente.

En résumé des principaux avantages et inconvénients de l'assurance-vie

  • L'accès à un panel d'offre de placements garantis ou plus risqués
  • Un cadre fiscal plutôt attractif
  • Des niveaux de frais plutôt élevés qui peuvent peser sur les rendements
  • Une liquidité de l'investissement à tout moment dans la plupart des contrats
  • Un risque potentiel sur la solvabilité des assureurs en cas de retrait massif des assurés (qui pourrait être liés à des arbitrages liés à une forte hausse des taux). La loi Sapin 2 a cependant introduit la possibilité de gel des rachats pour faire face à ce risque
  • La possibilité d'être conseillé et une gestion plus ou moins active (gestion libre, gestion pilotée) avec possibilité de réallocation dans la durée et de sécurisation par période de certaines plus-values. 
  • Un choix d'options parfois limité du fait de la sélection des gestionnaires et un manque de transparence sur les niveaux de frais

Pourquoi investir en unités de compte ?

Les unités de comptes ne sont pas l'unique option pour l'investisseurs, il est également possible d'investir en direct avec ou sans l'aide de sociétés de gestion ou sur des supports à moindre frais tels que les ETFs.

Néanmoins, les contrats d'assurance-vie en unités de compte présentent a priori un cadre fiscal plutôt favorable. 

La principale raison pour investir en unités de comptes est de viser un certain rendement à terme en investissant sur des sous-jacents présentant des perspectives de gain plus élevées, tout en pouvant profiter d'un niveau de diversification conséquent. Cependant, les UC ne sont pas exempts de risque et de volatilité. Ainsi, en 2022 avec la guerre en Ukraine notamment, la hausse des taux d'intérêt qui a pesé sur les valorisations, de nombreuses UC ont enregistré des performances significativement négatives.  

Placement obligataire, immobilier, actions, rendement : quelle est l'unité de compte la plus appropriée pour vous ?

Le choix d'une unité de compte est par nature limité par la sélection proposée par l'assureur-vie (il est certes toujours possible de souscrire plusieurs contrats auprès de différents assureurs).

Investir un certain montant peu permettre de profiter de conditions commerciales favorables avec des frais parfois dégressifs.

Globalement, comme tout investissement, les contrats en unités de comptes doivent répondre à plusieurs problématiques et être cohérents avec le profil de l'investisseur :

  • puis-je avoir un degré de diversification suffisant ?
  • la liquidité proposée correspond-elle à mon horizon d'investissement ?
  • les thématiques d'investissement proposées sont-elles cohérentes avec mes affinités, mon appétence au risque, mes objectifs de rendement et de liquidité ?
  • le track-record des sociétés de gestion est-il documenté ?
  • le niveau de frais est-il documenté ?
  • les actifs considérés sont-ils assez liquides pour répondre aux contraintes de liquidité (cas du non-côté notamment) ?

Le cadre fiscal de l'assurance-vie conserve un intérêt majeur dans le cadre de la transmission de patrimoine grâce à l'abattement en franchise d'impôt de succession (dans la limite de 152 500 euros par enfant et par donataire pour les versements effectués avant 70 ans). Cumulé avec l'abattement périodique de 100 000 euros pour les donations et les dons manuels à hauteur de 31 865 euros, deux parents peuvent transmettre 568 730 euros en franchise d'impôt !  

S'inscrivant dans une optique moyen/long terme, l'assurance-vie constitue un cadre plutôt complet et attractif pour faire fructifier son patrimoine dans un cadre diversifié via plusieurs types d'actifs (SCPI, SCI, fonds, actions...).

Publication originale de le 30 March 2023 mise à jour le 27 February 2024