La réponse triviale serait que le meilleur placement financier est… celui qui rapporte le plus. Cette réponse n’aurait pas vraiment de sens. Tout d’abord ainsi qu’il est fréquemment rappelé que « les performances passées ne présagent pas des performances futures ». Pour les produits à forte volatilité, la performance sera par ailleurs radicalement différente selon les périodes considérées. Le meilleur placement financier doit-être adapté à chaque profil investisseur (niveau de risque, montant, liquidité). Chacun des principaux supports d’investissement : assurance-vie, livret A ; actions et obligations cotées ou non-cotées ; crowdfunding, immobilier et « pierre-papier » présente ses avantages comparatifs. Actions et immobiliers ont été cependant gagnants sur le long-terme. À condition d’accepter une certaine dose de risque. Selon l’enquête périodique de l’AMF, les Français attachent une importance au niveau de risque et de rendement. Pourtant, ils ne semblent pas privilégier dans leurs actes la meilleure allocation.
La « pierre philosophale » de l’investisseur n’existe pas… Tout juste peut-on déterminer que certains investissements sont historiquement plus performants. Cela n’immunise pas contre de mauvaises décisions : ainsi un investisseur qui aurait investi sur la bourse japonaise ; avant l’éclatement de la bulle du début des années 90 ; aurait dû attendre plus de 30 ans avant de retrouver son cours d’achat.
Pour la plupart des types de placements ; il existe des données historiques et statistiques qui permettent de déterminer deux éléments clés ; le rendement moyen et la volatilité (ou écart type par rapport au rendement moyen). La difficulté principale est que le passé ne garantit pas les performances futures.
Des éléments structurels et spécifiques vont renforcer l’attractivité de certains secteurs économiques ; (numérique, « silver économie“, demande d’énergie poussée par la croissance, vitalité démographique pour le logement…).
Des éléments macro-économiques (taux, inflation) influenceront également la nature du meilleur placement. Le prix de certains actifs (bourse, immobilier) a ainsi considérablement bien performé ces dernières années y compris lors des épisodes récents de récession.
Certains fondamentaux peuvent expliquer la tendance (par exemple rareté et pénurie de logements) mais un facteur déterminant a été l’augmentation des liquidités injectées dans l’économie avec une politique de taux très bas. De même que l’augmentation des droits TV dans le football sont allés de pair avec une inflation incontrôlée des salaires, les liquidités injectés par les banques centrales ont contribué à gonfler le prix des actifs.
D’ailleurs on observe historiquement une corrélation entre actions, foncières côtés, et SCPI (une bonne performance économique et une croissance des entreprises, favorise le cours des actions, mais également leur projet immobilier). Il est intéressant de noter que cette corrélation a disparu post-Covid19 (les marchés actions continuant de monter).
Ces dernières années le niveau des taux bas et les facilités d’emprunt, l’augmentation des liquidités dans l’économie, ont par ailleurs permis un usage très profitable de l’effet de levier. Emprunter pour réinvestir aura été un choix judicieux sur la période.
La liquidité d’un investissement est un élément clé dans le choix du meilleur placement. En effet, la possibilité de pouvoir liquider facilement son investissement et à des conditions de marché est un avantage important. C’est la garantie de pouvoir accéder à ses fonds à tout moment, d’en disposer pour un autre usage, éventuellement pour réorienter sa stratégie d’investissement.
Néanmoins, la plupart du temps, performance élevée synonyme de liquidité limité et de détention à long terme. D’ailleurs les assureurs-vie ont commencé à introduire des contraintes sur les contrats euros mettant ainsi fin au duo : performance garantie et liquidité à tout moment.
Le meilleur placement (pas forcément le plus rémunérateur, mais le plus équilibré) est un placement combinant plusieurs horizons de temps, différents degrés de liquidité et risque, permettant de lisser la performance, de diversifier dans la durée et d’optimiser le coupe risque/rendement.
Point indirectement lié à la liquidité des investissements, l’investisseur peut faire un arbitrage entre revenu récurrent et plus-value long-terme. Par exemple en termes d’investissement boursier : entre des actions matures, mais avec des niveaux de dividendes élevés (les actions « value ») et des flux financiers réguliers, par rapport à des profils de société à plus forte croissance. Pas forcément rentables, mais avec une projection de croissance à long-terme (les actions « growth »).
On retrouve cette dichotomie par exemple dans les SCPI, entre des portefeuilles immobiliers distribuant des revenus récurrents et ceux visant avant tout une valorisation long-terme des actifs. Cela peut-avoir des implications fiscales dans certains cas : par exemple dans certains pays les coupons ou dividendes seront imposées, mais les plus-values exonérées d’impôt.
L’utilisation de l’effet de levier peut permettre de réconcilier les deux stratégies : prenons l’exemple de deux actifs immobiliers :
In fine sur le long terme la deuxième solution sera a priori gagnante face au premier actif dont le prix aura stagné, et dont les loyers supérieurs ne combleront pas la différence de gain. Cependant, le haut rendement locatif du premier actif permettra un usage plus important de l’effet de levier avec un impact multiplicateur sur le rendement des capitaux investis. Permettant alors de rejoindre voir de dépasser la performance du deuxième actif. Attention cependant : l’effet de levier augmente le risque.
Sur le long terme, actions et immobiliers ont le plus performé. Le lien entre volatilité et performance long-terme semble respecté. D’où l’intérêt de bien prendre en compte et gérer ces deux composantes.
L’IEIF (L’institut de l’Epargne Immobilière et Foncière) se livre annuellement à une étude périodique comparative des performances des placements : "40 ans de performances comparées 1979 - 2019", édition 2020. Cette approche long-terme des performances (qui peut être segmentée sur plusieurs périodes plus ou moins longues) a l’avantage de prendre en compte plusieurs cycles complets avec plusieurs crises majeures (choc pétrolier, krach boursier d’octobre 1987, éclatement de la bulle internet en 2000, crise des subprimes en 2008). Même si la crise de la Covid n’a pas encore été intégrée à date.
D’après une analyse sur la durée les gagnants à très longs termes (30-40 ans) sont :
20 ans : entre 1999 et 2019 l’immobilier sous toutes ses formes ; (foncière, commerces France, logement Paris, logistique France, SCPI, bureaux France, OPCI) ; truste les premières places avec des TRI compris entre 8,3% et 12,1%/an.
Sur 10 ans les actions présentent un TRI de 8,5 % et les foncières un rendement 8,1 %.
Sur les 5 années récentes (2014-2019), la logistique a particulièrement performé (14,6%) dans les actifs immobiliers. Portée par l’e-commerce et les investissements dans la supply-chain de la grande distribution. La crise de la Covid-19 devrait confirmer cette tendance positive.
Une vision du rendement via le couple rendement/risque permet d’avoir une vision plus complète. Sans surprise, les rendements élevés coïncident avec une volatilité élevée. Une durée de détention longue permettra de lisser cette dimension pour se rapprocher du rendement moyen.
Sur plus courte période, en revanche la volatilité, prend toute sa dimension : ainsi lors de la crise de la Covid-19, les indices boursiers ont été divisés par deux avant de rebondir fortement pour quasiment doubler et atteindre de nouveaux records à date.
Chaque placement doit être adapté à la situation de l’investisseur. Néanmoins, certains placements peuvent apparaitre actuellement moins attractifs :
Finalement le meilleur placement est grandement influencé par la situation de l’investisseur et les objectifs poursuivis.
En investissant en tant que trentenaire, on est à un âge où l’on commence a priori à acquérir une certaine indépendance financière et une capacité d’épargne satisfaisante.
À un âge plus avancé dans une optique à la fois de revenus complémentaires à l’âge de la retraite et de transmission, ont peut-être amené à réorienter ses priorités :
Pour assurer des revenus récurrents complémentaires, certains produits sont plus particulièrement adaptés :
Au-delà des recommandations et de visions théoriques, que pensent les Français et terme de placement ?
« L’Etude annuelle sur les attitudes et opinions des épargnants à l’égard des produits financiers » réalisée annuellement dans le cadre d’un sondage commandé par l’AMF, fournit quelques réponses. L’étude poursuite plusieurs objectifs :
Ainsi titre la quatrième édition, le Baromètre AMF de l’épargne et de l’investissement – 2020 (réalisé après qui plus est en fin d’année après le premier confinement) amène les constats suivants :
Selon l’AMF, le taux de détention des produits d’épargne et autres actifs patrimoniaux se répartit de la façon suivante :
On peut noter une forte présence de la composante la moins risquée : livrets d’épargne et contrat euros d’assurance-vie. Cela n’est pas l’allocation la plus pertinente pour valoriser son patrimoine à long-terme.
Peut-on dès lors déterminer le meilleur placement financier ? La réponse n’est pas univoque :
Publication originale de le 29 April 2021 mise à jour le 15 September 2021