Très courant dans la construction en Amérique du Nord, l'usage du bois est plus restreint en Europe et en France. Pourtant, le bois n'a pas vocation à être limité à quelques chalets Alpins... Des acteurs de niches comme des grands promoteurs s'y intéressent de manière croissante. En effet, outre ses qualités architecturales, le bois, matériau renouvelable par nature, a toute sa place pour faire face aux contraintes environnementales. Et ce d'autant plus avec l'entrée en vigueur prochaine de la norme RE 2020 visant à limiter l'impact carbone des bâtiments.
La réglementation environnementale des bâtiments neufs (la "RE2020") est issue de la loi ELAN (Évolution du Logement, de l’Aménagement et du Numérique). Avec la COP21, les États se sont engagés à lutter contre le réchauffement climatique. Le gouvernement français a réaffirmé ses engagements avec la loi Énergie Climat et cette nouvelle norme RE 2020. Cet engagement dans le domaine de la construction permet de lutter contre le changement climatique. Et ainsi d'atteindre la neutralité carbone en 2050. Cette norme visera notamment à réduire la consommation énergétique des bâtiments neufs de 30 % supplémentaires en comparaison à la dernière norme RT2012. Elle vise à mieux prendre en compte non seulement les émissions dues à l'utilisation des matériaux lors de la construction ; mais également l'impact de l'utilisation post livraison (mode de chauffage par exemple).
Les réglementations mises en place partent du constat que les émissions des bâtiments (résidentiel, individuel, collectif, tertiaire) représentent 25% des émissions de gaz à effet de serre. De ce fait, plusieurs orientations sont poursuivies, notamment :
La norme RE 2020 entrera donc progressivement en vigueur à compter du 1ᵉʳ janvier 2022 avec une application échelonnée jusqu'en 2030. L'objectif est de réduire les émissions carbone des bâtiments, en faisant évoluer les techniques de construction, mais également en favorisant une diminution des consommations énergétiques. Elle concernera les bâtiments neufs résidentiels et tertiaires. Elle est issue d'un processus qui avait débuté avec les normes RT 2005 et RT 2012 dans le cadre du Grenelle de l'Environnement, mais va plus loin :
Le gouvernement estime par ailleurs que la construction respectant la norme RE 2020 aura un surcoût de 10 % par rapport à la RT 2012.
La réglementation exigera pour les constructions neuves des seuils d'émissions maximum concernant les gaz à effet de serre :
Concrètement, cela impliquera d'éliminer à moyen terme le chauffage au gaz pour privilégier d'autre sources de chauffage plus écologiques.
Les matériaux biosourcés auront vocation à être privilégiés dans la construction : cela passera a priori par l'utilisation de structures en bois et l'intégration de matériaux biosourcés dans la construction (lambris, parquets, structures en bois, liège...). Cela au détriment de l'acier et du béton qui devraient perdre en importance progressivement.
Le but visé est de poursuivre une Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) en suivant le cycle de vie des produits utilisés, avec leur impact carbone mesuré en kgCO2/m².
La France a été confrontée de manière croissante à des épisodes de canicule. Cela devra désormais être mieux pris en compte. Le concept de Degrés-Heures d’inconfort (DH) a été instauré : exprimé en degré Celsius/heure (°C.h) et calculé à partir de simulation de courbes climatiques.
Le DH représente le niveau d’inconfort perçu par les occupants. Un bâtiment mal isolé verra ainsi son DH augmenter et la conception du bâtiment devra être revue en conséquence.
Ce concept consiste à ce que bâtiment produise plus d'énergie qu'il en dépense. Cela passe notamment par :
Il existe par ailleurs d'autres réglementations en cours telles que le "Dispositif éco-énergie tertiaire" qui vont viser à réguler la consommation énergétique dans les bâtiments tertiaires avec un objectif de neutralité carbone en 2050.
L'utilisation du bois dans la construction permet d'améliorer la performance énergétique des bâtiments. De plus, elle participe à la lutte contre le réchauffement climatique via l'absorption de CO2 lors du cycle de croissance des forêts.
Les débouchés du bois français sont principalement liés au secteur de la construction. Avec notamment 65% des sciages de bois et 50% des panneaux de bois. Pourtant, malgré des ressources abondantes, le bois ne constitue à date qu'une part très minoritaire du secteur de la construction.
La construction en bois concernait en 2018 :
Les parts de marché et l'activité ont longtemps stagné avant de connaitre un rebond ces dernières années. Ces parts de marché restent encore petites. Elles ne représentent qu'un peu plus de 4% des parts de marché en logement collectif (moins de 10% pour les maisons individuelles) ; mais font leur chemin sur les extensions surélévations avec 27,8% de parts de marché. Certaines régions, telles que Grand Est ou Bourgogne-Franche-Comté sont particulièrement dynamiques dans le secteur.
Différentes initiatives et organisation représentatives se sont développées telles que :
Au niveau gouvernemental, le contrat stratégique de filière 2018-2022 et différents Plans bois ont été lancés autour de trois projets structurants :
De même, le 4ᵉ Programme d’Investissements d’Avenir (PIA4), doté de 20 milliards d’euros sur 5 ans et lancé en 2020, comporte un volet sur les villes de demain, l'adaptation au changement climatique et les produits biosourcés.
Une étude s'est intéressée spécifiquement à la construction bois en Ile-de-France sur la période 2015-2020.
À l'initiative de l’interprofession FIBois Île-de-France, plusieurs acteurs de la construction ont signé le PACTE Bois-Biosourcés en 2020. Il s'agit d'un engagement de réaliser jusqu’à 40 % de leur production (construction, rénovation) dans la région en bois et biosourcée d’ici à 2025.
Au fur est à mesure que la construction bois prend de l'importance, différents acteurs spécialisés ou généralistes semblent désormais affirmer leurs ambitions.
Ces dernières années, plusieurs acteurs sont apparus et se sont spécialisés sur le segment de la construction bois. On peut citer par exemple:
D'autres acteurs plus établis s'intéressent également au secteur et les exemples se multiplient :
Outre l'aspect environnemental, la construction bois peut permettre de répondre à certaines problématiques posées par la raréfaction du foncier et le développement de la rénovation/restructuration. Cependant, il reste de nombreux défis à relever afin de structurer la filière.
Une des opportunités actuelles pour le secteur de la construction bois est la raréfaction du foncier. Le gouvernement a ainsi lancé un plan dit "d'aide à la relance de la construction durable". Son but est d'inciter les maires à densifier les villes, afin de limiter l'artificialisation des sols, avec par ailleurs une attention portée à la transformation de bureaux en logements.
On a récemment vu fleurir des terrasses en bois dans tout Paris (qui pourraient être pérennisées) en réponse aux contraintes subies par les restaurateurs avec la crise de la Covid-19. Au-delà de cette anecdote, le bois a son rôle à jouer dans de nombreux cas, et ce, afin de répondre à la pénurie de foncier et aux défis environnementaux :
De manière générale, face à la raréfaction du foncier, les opérations de rénovation devraient avoir vocation à se développer notamment dans les zones sous tension et les grandes métropoles.
Aux États-Unis, la construction de logements se fait à 90 % à base de bois. Ils sont au nombre de 10 % en France et 30 % en Europe. Dernièrement, l’épisode de la Covid-19 a créé une crise importante sur le marché du bois de construction. En effet, aux États-Unis, l'arrêt des constructions avec le confinement suivi d'un fort rebond, des stocks anormalement bas et des barrières douanières imposées aux producteurs canadiens, ont entrainé une forte augmentation des achats de bois en Europe. Cela a entrainé momentanément une pénurie de bois de construction avec un triplement des prix, à des plus hauts historiques.
Les nouvelles règles environnementales vont également entraîner une hausse des coûts de construction. La hausse du prix des matières premières et des coûts de construction est un sujet devenu primordial. Une meilleure mutualisation des approvisionnements et un développement de la filière bois seront nécessaires pour faire baisser les coûts. À titre d'exemple, la foncière Frey, spécialiste des "retail parks", va investir 35 millions d'euros d'ici à 2030 pour acquérir plusieurs milliers hectares de forêts en France.
Cependant, le 100% bois n'est pas une option universelle. Il se heurte notamment à des contraintes fortes pour les immeubles de grandes hauteurs, avec notamment les risques de combustion. L'avenir sera sans doute à l'utilisation de modes mixtes (y compris avec des modules 3D qui peuvent permettre d'économiser jusqu'à 60% de matériaux) mélangeant matériaux biosourcés, géosourcés, et classiques.
Le réemploi est également une piste complémentaire, que ce soit pour la construction ou la rénovation. Les déchets du secteur de la construction et du BTP représentent 42 millions de tonnes par ans. Ce qui équivaut à 30% du total des déchets en France. À date, seulement 1% sont réemployés. On pourra à ce titre signaler les initiatives telles que le Boosterdureemploi. Ce groupement, encouragé par Groupama, vise à favoriser la réutilisation des déchets. Et ce, en convertissant 25 % des chantiers au réemploi d’ici à 2024 . Dans l'objectif d'atteindre un taux de réemploi de 10% de déchets de construction.
Il existe différents types de construction bois. Les techniques très anciennes sont les colombages et le bois massif empilé. Désormais, des techniques plus modernes sont apparues :
En général, le bois offre des qualités environnementales et de confort. Il offre également la possibilité d'utiliser des éléments modulaires ; e qui permet d'accélérer le processus de construction.
On évalue la durée de vie d'une maison ossature bois à au moins 100 ans. Toutefois, dans la pratique des exemples démontrent que la durée de vie peut-être supérieure ; et ce, grâce à un bon entretien.
On estime le coût moyen au mètre carré de 1 500 à 2 500 euros selon le mode de construction. Cela ne comprend pas le prix du foncier (terrain), ainsi que les différents branchements.
Selon ses envies et son budget, il est possible de choisir une maison sur mesure, un modèle type sur catalogue, voire une maison en kit. On peut construire dans un lotissement ou via un contrat de maison individuelle (si le client est déjà propriétaire du terrain).
Publication originale de le 21 October 2021 mise à jour le 07 December 2021