En cette période de sprint final de la campagne présidentielle, faisons un nouveau clin d’œil (voir notre article :Le financement participatif pour financer les présidentielles ?) aux candidats à la fonction suprême. Penchons-nous plus précisément sur l’aspect financier, sous l’angle « crédit » de ces candidatures à l’élection présidentielle.
De nombreuses startups, ayant dans un premier temps été soutenues par des ressources de proches (business angels, « love money » du cercle familial et amical), ne sont pas encore éligibles au capital investissement et ont un accès restreint au crédit, elles traversent le désert de « l’equity gap » (voir l’article Private equity: que représente-t-il pour les PME en France ?).
Elles n’ont qu’un accès limité au crédit, sauf si garantie des actifs personnels du dirigeant- ce qui n’est parfois pas envisageable et reste une solution peu satisfaisante pour l’entrepreneur. En l’absence d’autofinancement, elles se trouvent souvent à court de solutions.
Les candidats à l’élection présidentielle affrontent une situation assez similaire :
Derrière cet adage émerge l’idée que l’offre de financement ne profiterait au final qu’aux acteurs déjà établis ? Ceci n’est sans doute pas totalement dénué de sens.
Les seules ressources des candidats pour couvrir le surplus nécessaire de financement au-delà des dons récoltés (leur « business-angels » à eux !) sont :
Certains candidats (les « petits candidats « ) sont par nature exclus du marché du crédit car, comme pour certaines startups, le défaut, c'est-à-dire la perspective de ne pas atteindre les 5% qui ouvrent droit au remboursement d’une petite moitié des frais de campagne, est la perspective statistiquement la plus probable.
Les autres candidats avec un profil théoriquement plus lisible présentent un risque crédit assez mitigé :
C’est pour cela que les banques confrontées à ces risques ne financent en général pas les campagnes sans garantie. Les partis établis peuvent mettre des actifs en garantie, de sorte que le banquier est sûr qu’au pire, il pourra exercer sa garantie si le candidat s’effondre ou si son compte de campagne est mal géré. Cela est évidemment très favorable aux acteurs établis…comme pour les entreprises.
Le cas intéressant, c’est de voir à quel moment une start-up qui réussit peut arrêter de se financer en equity et accéder au crédit. C’est le cas que pose Emmanuel Macron. À quel moment et à quelles conditions a-t-il réussi à obtenir un crédit, et à rassurer assez ses créditeurs sur ses chances de faire plus de 5% et pas d’erreur administrative, ou sur la capacité d’un nouveau parti à accéder au financement public, en l’absence d’actifs personnels à amener en garantie.
Chez WeShareBonds, nous ne finançons pas de start-up en amorçage car il n’y a pas assez d’historique ni de visibilité. Mais sur la base d’un historique de trois ans et de perspectives de cash-flow documentées, nous apportons des financements sans demander de cautions ni de gages de garantie.
En ce sens, outre le fait que nous sollicitons « la foule » des épargnants, notre dispositif est au final sans doute bien plus accessible et démocratique que notre système actuel de financement politique !
Publication originale de le 19 April 2017 mise à jour le 22 November 2021