Depuis la crise de 2008, la valorisation des actifs sur les marchés financiers a été dopée par l'injection de liquidités dans l’économie et des niveaux de taux très bas. Pourtant, 2018 semble marquer un coup d’arrêt et l’année 2019 s’ouvre sur de nombreuses incertitudes. La question de la juste valorisation, et d’une éventuelle fin de cycle semble plus que jamais d’actualité. Dans ce contexte, le secteur des « fintech » continue à progresser, le financement participatif ou crowdfunding porte sans doute en lui une partie de la solution pour sortir par le haut de la crise qui couve et réorienter des liquidités vers l’économie réelle.
La crise des « subprimes » et la faillite de Lehman Brothers avaient entraîné un formidable plan international inédit, qualifié de « non conventionnel » via l’injection de liquidité dans l’économie par les banques centrales et de baisse des taux.
Dix ans plus tard, cette capacité de mener une action internationale coordonnée semble bien illusoire. Emmanuel Macron a évoqué récemment la sortie d’un « monde Westphalien » du nom du traité de paix qui avait posé les bases de la notion de coopération entre états. Donald Trump semble lui donner raison en affirmant son intention de se désengager des traités de coopération internationale (lutte contre le réchauffement climatique, alliances militaires, traités commerciaux…) au profit d’un « America First » renouant avec une certaine doctrine d’isolationnisme.
En un an, le monde semble avoir été plongé dans une instabilité géo-politique quasi-inconnue :
Cette évolution s’accompagne d’un mouvement de remise en cause des élites qui pose la question sur la possibilité de mener des politiques réformatrices. En France : le mouvement des « gilets jaunes » aurait déjà coûté 0,2% de PIB à l’économie française (soit l’équivalent des grèves de 1995) ramenant la croissance au seuil de 1,5%/an – considéré comme la limite nécessaire pour faire baisser le chômage – et faisant repasser la France au-dessus des « 3% de déficit », cap à ne pas dépasser durablement par les états pour conserver la cohésion monétaire de l’Union Européenne. Outre l’impact économique à court terme (tourisme, commerce de détail qui n’avait sans doute pas besoin de cela, voir notre article Amazon ne va-t-il pas tuer le commerce français ?), il ouvre la question pour les investisseurs internationaux d’un pays irréformable…
L’année 2019, semble donc s’ouvrir sur le thème de la prudence. L’année n’est pas finie, mais l’année 2018 devrait pour la première fois depuis 40 ans s’illustrer par une baisse sur l’ensemble des classes d’actifs. Le S&P s’apprête à achever son pire mois boursier depuis 1931 (malgré un rebond et une meilleure séance depuis 10 ans, qui semble avoir déjà fait long feu). Après un bon début d’année, le Nasdaq chute de prêt de -25% depuis août. Cela reste certes relatif, l’indice Nasdaq ayant progressé de plus de +300% sur les dix dernières années, porté par les GAFA…
L’élastique était sans doute trop tendu de manière générale et après une bonne première partie d’année le retour de bâton s’avère violent avec en prime une forte volatilité.
Les marchés financiers semblent déjà « pricer » la probabilité d’une récession aux Etats-Unis à plus ou moyen terme, et le pétrole continue son mouvement de chute. La croissance chinoise en berne pourra-t-elle prendre le relais ?
Même si le mouvement est progressif l’année 2019 présente un triple défi : instabilité internationale, rythme de la poursuite de la hausse des taux, réduction des liquidités et fin la politique active de rachat d’actifs par la BCE. L’état français va quant à lui devoir se financé à hauteur de la somme record de 200 milliards d’euros et les Etat-Unis doivent financer leur déficit redevenu abyssal.
Les actifs immobiliers qui ont joué le rôle de valeur refuge, résisterons-t-il à la hausse des taux en poursuivant leur marche en avant ? Ils n’échapperont sans doute pas éternellement à la notion de cycle (voir notre article Crowdlending : promotion immobilière vs. foncières, pourquoi des rendements différents ?)
Face à tant de nuages, le réflexe pourrait être d’arrêter d’investir. Selon une étude BPCE-Kantar, le français n’ont jamais autant laissé de liquidité sur leur compte avec un encours record de 390 milliards d’euros. Cela corrobore une étude récente d’AXA sur la frilosité des français. En cause, la faiblesse des rendements sur les produits de placements (livret, assurance-vie) et une certaine aversion au risque. L’assurance-vie, malgré un rendement réel désormais négatif, reste fortement plébiscitée par les français mais ces fonds ne sont que marginalement orienté vers les entreprises : à fin 2017 les placements des assureurs français, représentant 2 628 milliards d’euros n’étaient orientés (directement ou indirectement via des fonds) qu’à hauteur de 13,5% soit 355 milliards ver les entreprises françaises (ne parlons pas des PME !). Les souscripteurs continuant à privilégier des fonds euros garantie.
Pourtant le tableau économique n’est pas totalement noir. Au-delà de la question de la (sur)évaluation des actifs :
Afin de sortir par le haut de la crise actuelle, les « fintech » ont leur rôle à jouer dans ce nouveau contexte financier qui s’annonce. Une étude de KPMG relevait que les entreprises du secteur avaient levé 367 millions d’euros en 2018 – une hausse de 14% – dans un contexte international par ailleurs favorable. Le crowdlending peut permettre de réorienter une partie de l’épargner des Français vers les entreprises. Financer les actifs immatériels notamment (numérisation, formation, embauches, R&D, financement du BFR, prêt trésorerie entreprise), insuffisamment financés par les banques, qui créeront la croissance de demain. Alors que le secteur bancaire sera soumis à des pressions et des contraintes avec la fin de « l’argent gratuit », le crowdlending peut contribuer à prendre en partie le relais. Il offre pour l’investisseur plusieurs avantages :
Alors que l’année 2019 s’ouvre sur avec plein de défis, l’inaction n’est pas la solution. Continuer d’investir notamment dans l’innovation reste la clé pour soutenir l’économie et éviter les prophéties auto-réalisatrices !
Publication originale de le 28 December 2018 mise à jour le 15 December 2021